Le Syndrome d’Apnées Hypopnées Obstructives du Sommeil (SAHOS) est caractérisé par la survenue, pendant le sommeil, d’épisodes anormalement fréquents d’interruption de la ventilation (apnées), ou de réduction significative de la ventilation (hypopnées). Les épisodes d’apnées et d’hypopnées entraînent une hypoxémie (baisse de la saturation en oxygène de l’hémoglobine) et des micro-éveils.
Ces micro-éveils répétés, souvent non perçus par le patient, entraînent une fragmentation du sommeil.
Le SAHOS est une affection fréquente encore largement sous diagnostiquée 1, 2, 3
Selon une vaste étude internationale publiée en 2019, près d’un milliard d’adultes âgés de 30 à 69 ans seraient touchés par cette pathologie chronique qui déstructure le sommeil et affecte les activités de la vie quotidienne et l’état de santé des patients.4
En Europe, selon une étude publiée en 2018 dans le European Respiratory Journal5, le SAHOS concernerait 175 millions de personnes.
Selon cette étude, en France, si l’on considère les formes modérées à sévères, définies par 15 apnées ou hypopnées ou plus par heure, la prévalence est de 4, 8%.
Au moins deux millions de Français seraient ainsi touchés. Des chiffres qui continueront sans doute à progresser, notamment en raison de l’augmentation de l’obésité, un facteur de risque majeur de SAHOS (70% des patients obèses sont atteints), mais aussi grâce aux progrès diagnostiques3. Il n’en reste pas moins que bon nombre de patients qui souffrent de ce trouble du sommeil avec de possibles conséquences sur leur santé à court et à long terme, ignorent leur maladie.
'Avec la fatigue, la somnolence diurne excessive est le symptôme le plus fréquemment mentionné par les patients, avec un impact considérable sur la qualité de vie et sur la sécurité au quotidien'
Le SAHOS a un impact majeur dans la vie quotidienne des patients, en termes de qualité de vie, de santé et de sécurité. Il entraîne une somnolence diurne qui affecte la vie quotidienne.
La somnolence se définit comme un état intermédiaire entre la veille et le sommeil. Elle est caractérisée par une tendance irrésistible à l’assoupissement, si la personne n’est pas stimulée. Elle est responsable de troubles de l’attention et de la mémoire qui peuvent altérer les activités professionnelles et sociales des patients.
Les troubles de la vigilance liés à la somnolence augmentent le risque d’accidents domestiques, d’accidents du travail et d’accidents de la route.
Une étude réalisée chez des patients atteints de SAHOS, publiée en 2006 dans l’European Respiratory Journal a bien mis en évidence l’impact de la maladie sur le délai de freinage, une diminution de la réactivité avec un allongement de la distance d’arrêt du véhicule de 8,8 m à 40 km/h et de 22 mètres à 130 km/h, ainsi qu’un nombre deux fois plus élevé de collisions par rapport à la population générale.
La fatigue, l’une des principales plaintes des patients, se manifeste par un affaiblissement physique ou moral, rendant difficile et pénible un effort ou une activité.
Le traitement repose sur la pression positive continue (PPC ou CPAP en anglais) qui a largement fait la preuve de son efficacité dans la grande majorité des cas. La PPC permet de lever l’obstacle des voies aériennes. Elle est appliquée par un générateur d’air sous pression, dont le niveau est réglable. L’efficacité thérapeutique de la PPC dépend de l’observance et du nombre d’heures d’utilisation. Il est difficile de fixer un seuil minimum, mais en dessous de 4 à 5 heures par nuit, l’amélioration de la somnolence et de la qualité de vie ne peut pas toujours être atteinte.
La mauvaise adhésion au traitement est souvent liée à des problèmes de confort, à un masque inadapté, une humidification insuffisante, la présence de fuites d’air ou d’une rhino-sinusite chronique qui gêne la ventilation au masque nasal.
L’efficacité de la PPC sur le score d’apnées-hypopnées est en général évaluée régulièrement par le pneumologue.
Un certain nombre de patients continuent à présenter une somnolence diurne excessive sous PPC, explique le professeur Pépin, pneumologue au CHU Grenoble. Ces patients ne se plaignent pas seulement de somnolence, mais aussi de fatigue, de symptômes dépressifs et d’une altération de leur qualité de vie.
La prévalence de la somnolence diurne résiduelle (SDE) sous PPC est variable selon les études, de 4,4% à 34%, avec une moyenne estimée à 13% environ7
Des caractéristiques retrouvées dans une autre étude dans laquelle la moitié des patients ayant une SDE se plaignaient de fatigue, parfois sévère, mais aussi de céphalées dès le réveil8.